y aurait-il des tensions entre l’ambassadeur du Niger, Sylvain Ité, et les autorités françaises ? Cette question fait polémique depuis la révélation du journal français Canal Enchaîné sur la censure de son livre par le Quai D’orsay.
Selon les informations, il voulait, à travers son livre intitulé « Au cÅ“ur de la diplomatie française en Afrique », raconter son expérience diplomatique au Niger. Selon un porte-parole des Éditions du Rocher, le Quai D’orsay aurait émis un véto sur l’apparition du livre de Sylvain Ité à travers une lettre. La secrétaire générale du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, Anne-Marie des Côtes, a interdit la publication de ce livre, initialement prévu pour paraître le 13 mars 2024.
« Ce texte comporte de nombreuses informations sur des sujets exclus du droit à la communication, qui ne peuvent être divulgués que par décision expresse de l’autorité hiérarchique. De nombreuses informations sur le dispositif français de gestion de crise, vos échanges avec les autorités françaises, comme avec les acteurs nigériens, le rôle, les motivations et la personnalité de vos interlocuteurs, et d’une façon plus générale, la conduite de notre politique extérieure. Certains de ces éléments sont sensibles et sous votre plume ne pourraient qu’être perçus comme exprimant le point de vue des autorités françaises. « Ce projet me semble présenter plus de risques que d’avantages pour notre communication », pouvait-on lire dans la lettre.
Pour rappel, Sylvain Itté, l’ambassadeur de France au Niger, avait été contraint de quitter le pays après que les dirigeants militaires ont pris le pouvoir suite à un coup d’État qui a renversé le président démocratiquement élu, Mohamed Bazoum. La situation a marqué une détérioration significative des relations entre la France et le Niger. Les dirigeants militaires ont annulé les visas de Sylvain Itté et de sa famille, et la police a reçu l’ordre de l’expulser. Cette action faisait suite à ce que les nouveaux dirigeants ont décrit comme des actions de la France « contraires aux intérêts du Niger », notamment le refus de l’ambassadeur de répondre à une invitation à rencontrer le nouveau ministre des Affaires étrangères du Niger.
Les dirigeants du coup d’État ont suivi une stratégie similaire à celle des gouvernements militaires des pays voisins, le Mali et le Burkina Faso, en se distançant de l’ancienne puissance coloniale, la France, dans un contexte de montée du sentiment anti-français dans la région. Les gens ont manifesté régulièrement dans la capitale, criant « À bas la France », notamment devant une base militaire française à Niamey.
La France, de son côté, a appelé au retour au pouvoir du président déchu et a exprimé son soutien aux efforts de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest pour renverser le coup d’État. En outre, la France n’a pas officiellement reconnu la décision des dirigeants militaires du Niger de révoquer les accords militaires bilatéraux, affirmant que ceux-ci avaient été signés avec les « autorités légitimes » du pays.
Dans ce contexte tendu, Sylvain Itté a finalement quitté le Niger pour Paris après des semaines de tensions. Le ministre français des Affaires étrangères, Catherine Colonna, a rencontré Itté à son retour pour le remercier, lui et son équipe, pour leur travail « au service de notre pays dans des conditions difficiles »